Printscreen ou pas?

Faut-il systématiquement publier un printscreen d’une création « dynamique » comme un site web ou une vidéo? Et ce dans le but d’augmenter sa visibilité ou communiquer son existence sur les réseaux sociaux?
Non ! Il ne faut pas oublier qu’un printscreen est une image, un extrait, une petite partie d’un microcosme, l’aplatissement d’un volume d’informations. Vous connaissez votre site web ou la vidéo créée et avez une idée d’ensemble, la vision d’une homogénéité qui fonctionne, alors que votre interlocuteur ne reçoit qu’une petite partie d’un tout via le printscreen. En photographie c’est un phénomène très connu, on l’appelle le « horschamp » : c’est tout ce qui n’est pas inclus dans le cadrage de la prise de vue mais que le photographe connait et en a été influencé durant son acte photographique. Le spectateur de son côté il peut parfois ressentir les choses pas visibles (la loterie subtile de la sensibilité) mais pour le reste … il n’y a que le reste. Les bons photographes connaissent très bien ce piège.

Image, vidéo, site web : trois degrés de communication différents. Le premier interpelle (utilisateur spectateur), le deuxième entretien (utilisateur spectateur actif), le troisième implique (utilisateur acteur).

L’image est un printscreen en soi, la vidéo un mouvement (elle ne mérite pas l’affront du figé), le web est un outil et pour s’exprimer il doit être pris en main (imaginez un magasin d’outillages où il serait défendu de toucher les marteaux, clous et autres pinceaux, bien protégés par une vitre) ; c’est une question d’approche à l’ergonomie, à sa facilité d’utilisation et l’accès aux informations. Un site web EST un outil.
Pour présenter un site créez des moodboards, placez des extraits de couleurs, des images qui en disent long sur une idée, tapez un texte, utilisez les bons mots, filmez-vous et racontez votre site ou recensez votre vidéo (pas trop s’il vous plaît, gardez le suspens) et mettez des liens en dernier recours.
On utilise le printscreen uniquement si le printscreen respecte les règles qu’on exige d’une image, car l’impact visuel a ses propres algorithmes : composition, hiérarchie, force, message clair et direct, autrement vous publierez de l’air, du vide.
Le vide est nécessaire dans l’ensemble d’un projet multimédia dynamique, mais on parle bien d’ensemble car il est redistribué différemment que sur une image statique (pensez au phénomène séduisant et courant des parallaxes sur le web ou les travellings, transitions et silences dans les films et autres vidéos). Un site web est une expérience qui mérite d’être vécue, alors si vous estimez que votre projet web est bon … trouvez le moyen de pousser vos interlocuteurs vers l’expérience, rendez-les acteurs de votre projet, donnez leur envie de le voir, l’utiliser et pas juste l’entrevoir. C’est une chance qu’ils méritent.

Gabriele Chirienti

La suite créative Affinity une vraie alternative à Adobe Creative Cloud ?

C’est une question qui ne peut pas aboutir par un débat. Il s’agit de deux plateforme apparemment identiques mais finalement différentes. Malgré que cela puisse en faire grimacer plus d’un, je dirai complémentaires. Mais ça demande une petite réflexion en amont et pour réfléchir il faut du temps. Nous en avons un peu apparemment : prenons-le!

Le coût des outils de travail deviennent d’un seul coup d’une importance capitale en ce moment d’incertitude mondiale. D’autant plus que la perspective de nos projets est une source d’espoir et de réconfort importante au milieu de la peur. Et plus tard face à l’ennui. Certes le temps nous en dira plus, notamment si l’humain est vraiment fait pour une course effrénée ou plutôt pour un équilibre entre faire et laisser venir.
Mais pour réaliser des bons projets il faut des bons outils. Reste à savoir, aujourd’hui plus que jamais, si coûteux est forcément égal à efficace.
Par expérience je dirais ” non” car en qualité de web designer je sais que les règles absolues n’existent pas et que tout est au cas par cas ; il suffit de mesurer les besoins. Faut-il absolument avoir une grosse cylindrée pour faire des courts trajets et conduire sur des routes à forte limitation de vitesse ? Ceci tout en ayant l’assistance parking, le siège chauffant et la connexion USB pour écouter des podcasts et la musique, puis partir en balade ? NON !

Avec la loi sur les émissions CO2 ayant poussé au choix des petites cylindrées, on a appris que conduire petit n’est pas forcément conduire mauvais, mais plutôt conduire ” juste “.

À l’heure où notre créativité doit surgir, il ne faut pas se frustrer par l’incapacité à créer des projets ; l’accessibilité à l’outil est primordiale dans cette optique. Accessibilité et ergonomie : voilà deux mots auxquels je suis confronté TOUS les jours en essayant de les appliquer au mieux.

Les outils Adobe sont excellents par leur efficacité, versatilité, ergonomie, compatibilité etc mais je les appelle ” des usines à gaz “. Et qui a besoin d’une usine à gaz s’il s’agit de devoir juste mettre en route une simple cuisinière? Les professionnels, ceux qui ont à faire à des demandes spécifiques et variées tous les jours. Mais si vous êtes en formation, si vous êtes curieux et envieux de vous essayer aux bases d’une mise en page réalisée de manière propre, la suite Affinity est excellente et probablement plus efficace car moins complexe. Puis avec le temps et l’expérience le passage d’une plateforme à l’autre reste possible. Au besoin. Ou alors passer la patate chaude à un professionnel si nous avons atteint nos limites de temps, d’envie ou de compétences. On gagne aussi par la reconnaissance de nos limites, car ça mène naturellement aux synergies et à la collaboration. Superman n’existe pas et celui qui l’incarnait a eue une triste fin, les lois de la nature finissant toujours par nous rattraper.

S’il s’agit pour vous de créer un beau CV, un dossier de recherche de fonds, une présentation, un plan financier attractif, un schéma, un document de formation etc, Affinity a réussi à garder dans ses outils l’essentiel d’Adobe. Dans une gamme de prix extrêmement contenus et des outils tellement proches de ses concurrents que l’on frôlerait le plagiat, Affinity opère efficacement sans tout un ensemble de fonctionnalités dédiées aux professionnels. Fonctionnalités pros qui justifient les coûts de Photoshop, Illustrator et InDesign. J’ai souvent entendu la remarque : ” Adobe est cher ! “, apparemment OUI mais essentiellement NON ! Les prix sont justes pour ce qu’ils offrent ! C’est à nous de viser les bons outils en fonction de nos besoins. Il faut repartir de là : les besoins. De quoi avons-nous réellement besoin ?

Voir :
AFFINITY
ADOBE CREATIVE CLOUD

Le moodboard

Instinctif et intuitif, le moodboard est un discours imagé, l’explication pensée et construite d’un concept sur et par l’éducation de l’observation. Outil associant culture, pensée et émotions, le moodboard « touche » la cible par l’iconographie; objectif que le message peine parfois à atteindre par les mots.

J’ai connu le moodboard du temps où j’opérais comme décorateur dans la mode, je voyais passer des planches très abouties, créées par des couturières, modistes ou stylistes; des grands tableaux où coller images découpées, morceaux de tissus, fils, boutons, esquisses, mots, aplats de couleurs, références de teintes.
Je remarquais des vraies oeuvres d’art, ça parlait, ça communiquait, il y avait « un truc », un sens que je ne définissais pas mais qui fonctionnait. Durant longtemps le moodboard a disparu, puis récupéré par la majorité des divers secteurs créatifs et au final par le management et autres branches référentes aux stratégies de communication; peu importe le sujet: finances, bâtiment, formation etc.

À quoi fait référence le moodboard? À l’instinctif, à la mémoire ancestrale, à la culture, à l’éducation de l’oeil et à son histoire, à l’intuition. On récolte des images et on les assemble de manière instinctive, on les place, on cherche des équilibres d’ensemble. On SE parle et c’est important que cela soit cohérent avec ce que nous souhaitons communiquer, tournés vers un messages à un groupe cible.

Un moodboard est un texte, un cousin lointain des hiéroglyphes, la recherche et l’assemblage de symboles connus voués à définir un concept, une idée de manière intuitive en mettant en avant sa nature primaire, instinctive et donc efficace. Rien de plus difficile que de faire passer une idée ou un concept à des personnes qui ne le visualisent pas, expliquer et/ou matérialiser pour l’autre ce qui est clair pour nous.

Débordés mais aussi gratifiés par la quantité d’images qui nous entourent, tout est là (les outils informatiques étant un plus), afin de créer des pages simples et parlantes. Ecrire avec les images c’est écrire un langage universel bien que l’association des couleurs et des symboles puissent être spécifiques à chaque culture, « il suffit » d’anticiper et reconnaître. Un moodboard bien fait dira clairement tout bas ce que d’autres outils ou discours diront confusément tout haut.

En pratique

  1. Recherchez des images : physiques (découpages de journaux, photos …) ou numériques (dossiers, moteurs de recherche, banques d’images gratuites …). La «récolte» doit être faite comme un brainstorming : on cumule sans compter. Il ne faut jamais récolter le nombre exact nécessaire à la réalisation d’un montage, prenez plus, beaucoup plus! Il est important d’avoir l’embarras du choix, devoir éliminer plutôt que de faire avec un nombre d’images restreint et beaucoup trop objectif.
  2.  Assemblez les images: choisissez des formats et supports compatibles avec la majorité des imprimantes et écrans. Optez pour les standards A4 ou A3 facilement reproductibles, téléchargeables, imprimables. Composez en mode paysage car c’est compatible avec l’imprimé et les écrans à la fois. Utilisez des outils de montage avec lesquels vous êtes à l’aise (soyons honnêtes, InDesign et Affinity Publisher vous garantiront des excellents résultats).
  3.  La composition: constituez des grilles épurées au départ et placez les images dans des formes géométriques simples, il s’agit de les arranger de manière cohérente à l’état d’esprit de votre projet. S’il faut transmettre harmonie, équilibre et sobriété alors placez des images ainsi et laissez des espaces blancs, ou intégrez des images très légères. Si le projet doit transmettre force, complexité, couleurs … alors chargez tout en sachant vous arrêter au bon moment. Comment le savoir? Suivez votre instinct.
  4. Une fois la grille d’ensemble constituée, ajoutez les «plus values»: images superposées, mots clés, exemples de polices d’écriture, pictogrammes; tout en respectant l’état d’esprit du projet final que vous portez et ressentez au fond de vous. Mais n’oubliez jamais qu’il doit parler aux autres, vous êtes en pleine communication par l’image, un vrai jeu d’équilibriste.
  5. Imprimez-le … et ajoutez directement au feutre, stylo, crayons de couleurs ou autres s’il le faut, les éléments que vous auriez bien imaginé en plus, éventuellement des corrections, puis scannez-le avec votre smartphone et retravaillez-le si nécessaire.
  6.  Montrez-le … et posez simplement la question : «À quoi ça vous fait penser?», «Qu’es-ce que cela vous inspire?». Laissez l’autre personne s’exprimer et acceptez les remarques venants d’interlocuteurs choisis selon leur capacités de pertinence et honnêteté. Apportez des améliorations au besoin.
  7.  Faites confiance à votre moodboard et appuyez-vous sur lui lors de la présentation de votre projet. Il arrive souvent qu’on vous demande un exemplaire à emporter, prévoyez des copies.