Instinctif et intuitif, le moodboard est un discours imagé, l’explication pensée et construite d’un concept sur et par l’éducation de l’observation. Outil associant culture, pensée et émotions, le moodboard « touche » la cible par l’iconographie; objectif que le message peine parfois à atteindre par les mots.
J’ai connu le moodboard du temps où j’opérais comme décorateur dans la mode, je voyais passer des planches très abouties, créées par des couturières, modistes ou stylistes; des grands tableaux où coller images découpées, morceaux de tissus, fils, boutons, esquisses, mots, aplats de couleurs, références de teintes.
Je remarquais des vraies oeuvres d’art, ça parlait, ça communiquait, il y avait « un truc », un sens que je ne définissais pas mais qui fonctionnait. Durant longtemps le moodboard a disparu, puis récupéré par la majorité des divers secteurs créatifs et au final par le management et autres branches référentes aux stratégies de communication; peu importe le sujet: finances, bâtiment, formation etc.
À quoi fait référence le moodboard? À l’instinctif, à la mémoire ancestrale, à la culture, à l’éducation de l’oeil et à son histoire, à l’intuition. On récolte des images et on les assemble de manière instinctive, on les place, on cherche des équilibres d’ensemble. On SE parle et c’est important que cela soit cohérent avec ce que nous souhaitons communiquer, tournés vers un messages à un groupe cible.
Un moodboard est un texte, un cousin lointain des hiéroglyphes, la recherche et l’assemblage de symboles connus voués à définir un concept, une idée de manière intuitive en mettant en avant sa nature primaire, instinctive et donc efficace. Rien de plus difficile que de faire passer une idée ou un concept à des personnes qui ne le visualisent pas, expliquer et/ou matérialiser pour l’autre ce qui est clair pour nous.
Débordés mais aussi gratifiés par la quantité d’images qui nous entourent, tout est là (les outils informatiques étant un plus), afin de créer des pages simples et parlantes. Ecrire avec les images c’est écrire un langage universel bien que l’association des couleurs et des symboles puissent être spécifiques à chaque culture, « il suffit » d’anticiper et reconnaître. Un moodboard bien fait dira clairement tout bas ce que d’autres outils ou discours diront confusément tout haut.
En pratique
- Recherchez des images : physiques (découpages de journaux, photos …) ou numériques (dossiers, moteurs de recherche, banques d’images gratuites …). La «récolte» doit être faite comme un brainstorming : on cumule sans compter. Il ne faut jamais récolter le nombre exact nécessaire à la réalisation d’un montage, prenez plus, beaucoup plus! Il est important d’avoir l’embarras du choix, devoir éliminer plutôt que de faire avec un nombre d’images restreint et beaucoup trop objectif.
- Assemblez les images: choisissez des formats et supports compatibles avec la majorité des imprimantes et écrans. Optez pour les standards A4 ou A3 facilement reproductibles, téléchargeables, imprimables. Composez en mode paysage car c’est compatible avec l’imprimé et les écrans à la fois. Utilisez des outils de montage avec lesquels vous êtes à l’aise (soyons honnêtes, InDesign et Affinity Publisher vous garantiront des excellents résultats).
- La composition: constituez des grilles épurées au départ et placez les images dans des formes géométriques simples, il s’agit de les arranger de manière cohérente à l’état d’esprit de votre projet. S’il faut transmettre harmonie, équilibre et sobriété alors placez des images ainsi et laissez des espaces blancs, ou intégrez des images très légères. Si le projet doit transmettre force, complexité, couleurs … alors chargez tout en sachant vous arrêter au bon moment. Comment le savoir? Suivez votre instinct.
- Une fois la grille d’ensemble constituée, ajoutez les «plus values»: images superposées, mots clés, exemples de polices d’écriture, pictogrammes; tout en respectant l’état d’esprit du projet final que vous portez et ressentez au fond de vous. Mais n’oubliez jamais qu’il doit parler aux autres, vous êtes en pleine communication par l’image, un vrai jeu d’équilibriste.
- Imprimez-le … et ajoutez directement au feutre, stylo, crayons de couleurs ou autres s’il le faut, les éléments que vous auriez bien imaginé en plus, éventuellement des corrections, puis scannez-le avec votre smartphone et retravaillez-le si nécessaire.
- Montrez-le … et posez simplement la question : «À quoi ça vous fait penser?», «Qu’es-ce que cela vous inspire?». Laissez l’autre personne s’exprimer et acceptez les remarques venants d’interlocuteurs choisis selon leur capacités de pertinence et honnêteté. Apportez des améliorations au besoin.
- Faites confiance à votre moodboard et appuyez-vous sur lui lors de la présentation de votre projet. Il arrive souvent qu’on vous demande un exemplaire à emporter, prévoyez des copies.